Après les objectifs de décarbonation chiffrés, les moyens financiers pour y parvenir.
Fin 2020, Bouygues Construction s’était engagé à baisser de 40% ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 sur les émissions directes et indirectes liées à la consommation énergétique (scopes 1 et 2) et de 30% sur les autres émissions indirectes en amont (scope 3a), par rapport à 2019.
Colas table de son côté sur -30% par rapport à 2019 sur les scopes 1, 2 et 3a. Bouygues Immobilier vise les -32% par rapport à 2020 sur les scopes 1, 2, 3a et même 3b, c’est-à-dire les autres émissions indirectes en aval.
Ce 24 février 2021, le groupe annonce une enveloppe de 2,2 Mds€ à déployer sur la période 2022-2024 afin de réduire l’empreinte carbone de tous ses métiers, y compris les télécoms et les médias, pourtant exclus de la taxonomie européenne. Ces investissements sont possibles notamment grâce à « un endettement historiquement bas, sous le milliard d’euros », a souligné Olivier Roussat, directeur général du groupe, le 24 février lors de la présentation des résultats annuels (lire encadré).
Et de développer : « Ce n’est pas une demande de nos clients, dans les appels d’offres publics, à part au Royaume-Uni. Nous voulons prendre de l’avance en proposant de plus en plus de solutions bas carbone. »
Eco-variantes aux enrobés routiers
L’activité construction, dont le carnet de commandes à 33,2 Mds€ perd 3% par rapport à 2020, va en bénéficier pour notamment soutenir la progression de la part des matériaux biosourcés dans ses projets. L’idée est de poursuivre la révolution en marche. En témoigne « l’augmentation de 10% du recours aux bétons bas carbone entre 2020 et 2021 », qui « représentent aujourd’hui plus de 60% des volumes en travaux publics et plus de 25 % pour l’activité bâtiment en France », assure le groupe.
Chez Colas, la décarbonation se traduit par une montée en puissance des éco-variantes à ses enrobés routiers. La filiale TP de Bouygues est passée de 92 projets en 2020 à près de 200 en 2021. Parmi les autres chantiers de décarbonation, citons l’offre BySprong de Bouygues Construction. Objectif : « massifier la rénovation énergétique des logements en site occupé », qui représente 30% de son activité de rénovation en France.
Sur le scope 2, Bouygues Construction annonce par exemple une flotte de véhicules 100% verts en 2030. Sur le scope 3a, une première convention fournisseurs a été lancée en 2021 sur le périmètre de Colas Rail, filiale de Colas chargée de concevoir et construire la ligne à grande vitesse (LGV) qui doit relier Londres et Birmingham en moins de 50 minutes à partir de 2029.
Certifier scientifiquement ses objectifs
Après Colas en 2021, Bouygues Construction et Bouygues Immobilier espèrent pouvoir communiquer cette année sur la validation par le Science Based Targets initiative (SBTi) de leur trajectoire de décarbonation.
Parmi les acteurs français de la construction, Icade mène une démarche identique afin de « certifier scientifiquement » sa stratégie bas carbone. Le comité technique du SBTi, regroupant Carbon Disclosure Project (CDP), Global Compact des Nations Unies, World Ressource Institute (WRI) et World Wildlife Fund (WWF), a validé les objectifs de réduction de GES de 1 180 entreprises à l’échelle mondiale.
Leurs plans d’actions doivent être en ligne avec l’accord de Paris de 2015, qui vise une limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré par rapport à la période comprise entre 1850 et 1900. En 2021, la température moyenne mondiale a été supérieure d’environ 1,1 degré par rapport au niveau préindustriel, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Depuis les années 1980, chaque décennie est plus chaude que la précédente.
Bouygues frôle son niveau d'avant-crise
Par rapport à 2019, le chiffre d’affaires de Bouygues à 37,6 Mds€ recule de seulement -0,9 %, son résultat opérationnel courant à 1,693 M€ progresse de 17M€ et sa marge opérationnelle courante s’élève à 4,5 % en 2021 (4,4% en 2019).