Crise du logement : la «guerre» est déclarée entre promoteurs et «pouvoirs publics»

Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), a profité de la remise des prix des Pyramides d’or, réunissant professionnels et partenaires, pour se poser en protecteur d’une filière « en guerre (avec) les pouvoirs publics ».

Le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Pascal Boulanger prononce un discours devant 300 professionnels et partenaires, dans le cadre des Pyramides d’or 2023, le 19 décembre à Paris.
Le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Pascal Boulanger prononce un discours devant 300 professionnels et partenaires, dans le cadre des Pyramides d’or 2023, le 19 décembre à Paris.

Une occasion en or pour ressouder les troupes. Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), a profité de la remise des prix des Pyramides d’or le 19 décembre à Paris pour se poser en protecteur d’une profession en danger.

« Nous sommes en guerre et en état de légitime défense parce que ce sont les pouvoirs publics qui ont commencé. Il n’y a ni crime ni délit quand les coups et blessures ont été donnés pour la défense de soi-même ou d’autrui », a-t-il déclaré sur scène en clôture de cérémonie. Face à lui, les 300 professionnels et partenaires (banquiers, énergéticiens…) invités, inquiets de voir le gâteau de la promotion immobilière rétrécir, ont applaudi.

Emmanuelle Cosse en renfort

Assis au premier rang en tant que président du jury des Pyramides d’or 2023, Julien Denormandie, ancien ministre du Logement (lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron) reconverti « chief impact officer » dans une start-up, a eu la confirmation que sa famille politique était mal-aimée des acteurs de l’immobilier. Un secteur qui « doit arrêter la drogue fiscale », a récemment lancé Patrice Vergriete au Point, en référence à la défiscalisation locative.

L’actuel ministre du Logement est lui aussi monté sur scène à l’invitation de la FPI, pour un court tête-à-tête avec Pascal Boulanger. Les deux hommes originaires des Hauts-de-France se sont tutoyés, campant sur leurs positions. Le gouvernement cherche à renverser la vapeur « pas forcément avec les recettes du passé », a notamment expliqué le ministre, sans nommer le dispositif Pinel dont l’extinction est prévue fin 2024. 

Avant la déclaration fracassante de Pascal Boulanger en l’absence de Patrice Vergriete qui a quitté la salle juste après la fin de son intervention, Emmanuelle Cosse, ancienne ministre du Logement (sous François Hollande) et actuelle présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), s’était montrée particulièrement inquiète : « Croire que quand un système s’effondre, il ira mieux demain, c’est une hérésie (…) Quand on détruit (des emplois, des savoir-faire, NDLR), il faut des années pour faire ce qu’on a fait ensemble. » Près de 300 000 emplois sont pourraient disparaître entre fin 2023 et début 2025, selon la Fédération française du bâtiment (FFB) et la FPI.

« Qu’on ne casse pas notre industrie »

« Qu’on ne casse pas notre industrie, parce qu’en France, on est fort pour ça », a également soutenu Stéphane Aubay, dirigeant de Greencity Immobilier, qui est reparti avec le trophée décerné par le grand public. Sans prononcer le mot « licenciement », le promoteur a fait référence aux milliers de suppressions d’emplois en cours dans la promotion et les métiers connexes, des architectes aux bureaux d’études. Un comble dans un pays qui mise, entre autres, sur la réindustrialisation, pour atteindre le plein-emploi en 2027, soit un taux de chômage de 4,5%. Actuellement, celui-ci affiche 7,4%, après 7,1% début 2023.

Des bailleurs sociaux (qui peinent à autofinancer leurs opérations de construction et de rénovation) aux notaires (contraints de licencier sur fond de baisse des transactions immobilières), les différents acteurs du logement accusent le gouvernement d’être responsable de la crise actuelle de l’offre et de la demande de logements.

Les professionnels rencontrés lors de cet événement ou au dernier Salon de l’immobilier d’entreprise (Simi) considèrent que l’inaction du gouvernement, malgré les alertes des organisations professionnelles sur la crise du logement, n’a fait qu’accentuer la tension locative et complique la tâche aux candidats à l’accession, aussi bien dans le neuf que dans l’ancien. La Première ministre Elisabeth Borne a récemment annoncé des mesures de soutien à la filière, jugées insuffisantes.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Construction et talents
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires