Quel est le thème central de votre livre (1) ?
J'ai développé trois idées principales : on assiste à une mutation du monde de la construction, habituellement centré sur l'ouvrage, vers les services, qu'il s'agisse des services incorporés à l'ouvrage ou de ceux associés à sa gestion. Cela ne concerne pas seulement la construction neuve mais aussi les stocks d'ouvrages existants.
Pour intégrer cette idée de services, la notion de filière - très centrée sur la production - est dépassée. J'y substitue celle de « système sectoriel de la construction » qui part du cycle de vie des ouvrages et intègre tous les gestionnaires et exploitants ainsi que les autres institutionnels qui régulent le système.
Je propose enfin qu'on porte un regard nouveau sur la construction en cessant de la considérer à part. Chaque secteur économique a ses particularités. La construction considère souvent que la sienne réside dans sa fragmentation, vécue comme un handicap. Or, la vraie particularité de la construction, c'est l'extraordinaire diversité de sa commande.
Est-ce un atout ?
Certainement et cela permet de définir des sous-systèmes, en fonction de quatre critères : la nature de l'ouvrage, celle du marché, la nature du maître d'ouvrage et la taille des entreprises de construction. On aboutit ainsi à cinq sous-systèmes : un sous-système mondial des grands ouvrages de bâtiment et génie civil, un sous-système national routier, un sous-système national de génie civil non routier d'une part ; un sous-système des bâtiments commandités par les firmes et les collectivités publiques et un autre de bâtiments et interventions commandités par les ménages, d'autre part.
(1) « Construction : la mutation. De l'ouvrage au service » aux Presses de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, 45 euros.