Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), précise sa pensée. « L’alliance des bailleurs sociaux pour la production d’énergies renouvelables », annoncée le 3 octobre en ouverture du Congrès HLM à Nantes, vise plusieurs objectifs : « partager les savoir-faire » des bailleurs sociaux pour favoriser « l’autoconsommation et/ou la revente » d’énergie produite, « lever les freins techniques », faciliter les relations entre bureaux d’études et envoyer un message aux élus locaux, liste-t-elle en conférence de presse le 4 octobre.
Sur ce dernier point, la présidente de l’USH assure que le monde HLM se met en ordre de marche pour répondre aux exigences des métropoles, comme celle de Strasbourg, de « montée en puissance d’énergie décarbonée » dans l’immobilier.
« À notre place d’acteur des territoires, de propriétaire foncier et de gestionnaire de bâtiments, nous voulons mettre en débat notre capacité à devenir des producteurs d’énergie, en réseau, avec nos voisins », a déclaré Emmanuelle Cosse, lors de son discours d’ouverture. L’ancienne ministre, qui « travaille depuis l’hiver 2022 » sur cette alliance, table sur un lancement officiel « dans les prochaines semaines ».
Un texte commun qui n’inspire pas « confiance »
Concernant le cap à fixer en matière de construction et de rénovation, Emmanuelle Cosse ne parle « pas de pacte de confiance », contrairement au ministre du Logement Patrice Vergriete, plutôt bien accueilli par les congressistes qui, en coulisses, se plaignent du manque de considération du gouvernement.
Ce « document », explique-t-elle, ne comporte pas les ingrédients d’un pacte de confiance portant sur une durée déterminée, telle une convention quinquennale d’Action Logement. Il s’agit d’un « texte qui ne règle pas tout », car il balaie, entre autres, la question de la suppression de la réduction du loyer de solidarité (RLS). Cette mesure qui date du quinquennat précédent grève les recettes annuelles des organismes HLM d’1,3 Md€, selon l’USH.
« L’augmentation de la production HLM » est un « objectif » gouvernemental, mais à ce stade, il n’y a pas de chiffres à partager, assure Emmanuelle Cosse. Pour ce qui est de la rénovation du parc social, c’est plus clair : « Le gouvernement promet 1,2Md€. » L’idée consiste à solidifier « les montages financiers des opérations » qui visent à éradiquer les étiquettes E, F et G. Cette enveloppe s’étalerait entre 2024 et 2026, soit 400M€ par an. La chasse aux passoires thermiques est estimée à 10Mds€ par an par l’USH.
D’autres sujets sont à intégrer dans ce texte commun, comme « un meilleur accompagnement de la vente HLM (par les bailleurs sociaux aux particuliers, NDLR) via le prêt à taux zéro », illustre Emmanuelle Cosse. Réponse le 5 octobre, dernier jour du Congrès HLM, à l’occasion du discours de Patrice Vergriete.
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Le « choc de décentralisation », une mauvaise idée ?
Comme bon nombre d’acteurs du logement social rencontrés dans les allées d’ExpoNantes, la présidente de l’USH se méfie du « choc de décentralisation » promis par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. « Avant de parler du "comment", demandons-nous pourquoi on décentralise, interroge-t-elle. Pour être plus efficace ou se débarrasser du "fardeau" ? »
Un retour du clientélisme est redouté. « 80% des demandeurs de logement social demandent dans le territoire où ils sont issus. Les 20% restants viennent d’ailleurs, sortent de prison, d’hébergement d’urgence… Ce public risque de subir des discriminations », développe Marianne Louis, directrice générale de l’USH, qui dit son attachement au système actuel de commissions d’attribution. Reste à équilibrer « le rapport de force » en leur sein, entre les collectivités, les organismes HLM et les locataires, conclut-elle.