Oui à la rénovation énergétique des logements sociaux. Mais à quel prix ? D’après une étude sur le coût de ces travaux, réalisée par l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui rassemble quatre familles d’organismes HLM ainsi que la fédération des Associations régionales d’organismes d’habitat social, il faut dépenser 37 000 € pour voir le DPE d'un logement social passer de E à C, 45 000 € pour atteindre la classe B.
Ce montant moyen ne comprend pas la remise à niveau, inévitable, de l'habitation. Par exemple, de la peinture autour de la nouvelle fenêtre ou du nouveau radiateur.
La facture grimpe dans les cités-jardins
« Nos ménages n’ont pas la capacité de supporter l’augmentation des loyers qui permettrait de financer ces opérations, commente Emmanuelle Cosse, la présidente de l’USH. L’Etat doit accompagner les bailleurs sociaux pour tenir le rythme sinon on n’y arrivera pas. »
Surtout quand la facture grimpe, notamment dans les cités-jardins, patrimoine à préserver datant des années 20 et 30. Ainsi pour une maison classée G, il faut compter 85 000 € pour atteindre la classe D. « Quand sa valeur est estimée à 140 000 € par la direction immobilière de l’Etat, cela peut refroidir les opérateurs », souligne l'ancienne ministre du Logement.
Si le manque de visibilité liée à la réforme du DPE, qui entre en vigueur ce 1er juillet, ne permet pas d’avancer des chiffres précis, Emmanuelle Cosse estime qu’il restera en 2025 « quelques milliers » de logements sociaux classés G alors que ceux-ci ne pourront plus être loués, au nom de la lutte contre le dérèglement climatique.
Le demande est forte dans trois régions
D'où cette requête : que le gouvernement débloque dès maintenant les 308 M€ restants de l’enveloppe dédiée à la réhabilitation du parc social d’ici à 2022, dans le cadre de France Relance. « Comme prévu par le gouvernement, seulement 192 M€ de crédits ont été ouverts, explique Emmanuelle Cosse. Au-delà du temps perdu pour raisons administratives, des tas de dossiers F et G sont éligibles mais ne reçoivent pas d’accord pour raisons financières. Sur les 20 00 dossiers déjà financés, nous pensons qu’il y a un potentiel plus fort. »
Dans les Hauts-de-France, le Grand Est et l’Ile-de-France, du fait de l’âge moyen avancé du parc, « un doublement des enveloppes seraient consommées » d’ici à 2022, estime Marianne Louis, directrice générale de l'USH.
Une note positive, tout de même ? « Une aide d’environ 11 000 € par logement pour réhabiliter le patrimoine, c’est une première, se félicite Emmanuelle Cosse. Cette enveloppe a permis d’accélérer des dossiers prévus entre 2022 et 2024. »