Comment avez-vous accueilli ce décret Reut ?
Nous sommes dans une totale incompréhension, voire une forme de sidération. Dès l’annonce de la consultation qui s’est déroulée en juin 2023, nous ne comprenions pas pourquoi le ministère de la Transition écologique mêlait la réutilisation des eaux de pluie à la réutilisation des eaux usées traitées. Ce sont pourtant deux choses tout à fait différentes. De plus, le texte est radicalement différent de celui proposé lors de la consultation. Il y a donc, soit une incompréhension de notre part concernant les acteurs visés par ce décret, soit il s’agit d’une marche arrière spectaculaire sur la récupération de l’eau de pluie.
En quoi ce décret serait un retour en arrière ?
Depuis six mois, le ministre de la Transition écologique (Christophe Béchu) martèle qu’il n’est pas possible de réutiliser de l’eau de pluie chez soi. Or, comme nous avons essayé de le rappeler au ministère, c’est le cas : depuis l’arrêté du 21 août 2008, certains lieux publics et les habitations peuvent accueillir des récupérateurs d’eau de pluie afin d’alimenter certains de leurs besoins, notamment les chasses d’eau. Avec ce décret, nous comprenons qu’il serait à présent interdit d’utiliser les eaux de pluie à l’intérieur des habitations, dans les établissement publics aux heures où ils reçoivent du public, et même pour l’arrosage des espaces verts. Ce décret serait donc en contradiction avec les annonces du plan eau en avril 2023.
Quelles seraient les répercussions économiques pour les entreprises du secteur ?
Nous estimons qu’il y a entre 35 000 et 50 000 récupérateurs d’eau de pluie installés chaque année dans les locaux à usage d’habitation. Dans certains départements, les nouveaux bâtiments publics sont systématiquement équipés de récupérateurs d’eau de pluie. De fait, pour nos entreprises, ce serait un pan économique entier qui s’effondrerait, représentant pour certaines entre 50 et 70 % de leur chiffre d’affaires. Personnellement, si notre interprétation du décret est bonne, je devrai fermer mon entreprise. Ce sont des milliers d’emplois qui sont concernés. Nous espérons qu’il y aura des correctifs, mais pour l’instant, c’est toute une profession qui se sent sur la sellette.