Une photo de famille inédite. Les porte-parole des dix organismes professionnels* réunis au sein de l’Alliance pour le logement, dont les intérêts divergeaient jusque-là, se sont affichés soudés comme jamais le 24 janvier à Paris, lors de la première conférence de presse du mouvement lancé en septembre 2023.
Objectif : parler d’une seule voix pour stimuler le gouvernement. « C’est un appel de la dernière chance pour créer un sursaut du Premier ministre », explique Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH). Mais attention, « nous ne sommes pas là pour nous substituer au ministre du Logement » qui doit être nommé la semaine prochaine, insiste-t-elle.
Bercy et l’Elysée dans le viseur
En référence à la grogne des agriculteurs, après celle des médecins et infirmiers ou encore des enseignants, Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), souligne de son côté que « le gouvernement méprise ceux qui logent, ceux qui nourrissent, ceux qui soignent ».
Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), tient lui aussi aux « trois piliers : se nourrir, se loger, se soigner ». Il veut en outre infuser « un esprit logement » jusqu’à Bercy, dont les arbitrages financiers depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 défavoriseraient, selon lui, la production de logements, aggraveraient la tension locative...
« Nous avons un président de la République qui n’aime pas le logement », complète Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), qui fédère des agents immobiliers fragilisés par la chute des transactions dans l’ancien sur fond de rapide hausse des taux.
« Médecine de guerre »
La baisse du volume des autorisations, qui se stabilise autour de 370 000 sur un an, et la chute des mises en chantier, sous le seuil de 302 000 recommandé par le Secrétariat à la planification écologique rattaché à Matignon, suscitent l’inquiétude de Grégory Monod, président du Pôle Habitat FFB : « Nous sommes dans le cataclysme, pas l’ajustement d’une filière. Nos 1130 entreprises adhérentes sont au bord du gouffre et 53% des Français vivent concrètement cette crise du logement. Ce n’est pas une médecine de ville qu’il faut, mais une médecine de guerre. »
Pour reprendre le discours guerrier de Pascal Boulanger et surtout paraphraser Emmanuel Macron et Gabriel Attal, le représentant des aménageurs, constructeurs de maisons, promoteurs et rénovateurs locaux appelle à « réarmer le logement comme il faut réarmer l’école ou la santé. » Et d’ajouter : « Une politique pragmatique doit être mise en œuvre en tenant compte des acteurs sur le terrain. » Une proposition phare ? Un « prêt premier logement » sur le modèle du prêt à taux zéro (PTZ) pour accompagner les primo-accédants, « sur tous les territoires, peu importe la forme d’habitat », imagine-t-il.
Déclinaisons locales
« L’Alliance » ne rassemble pas jusqu’aux collectivités locales, pourtant en première ligne pour faire face à la crise de l’offre. « Les maires nous disent régulièrement qu’ils ont envie de signer les permis de construire mais que la population n’en veut pas », rappelle Pascal Boulanger.
Disposé à s’élargir à d’autres acteurs du logement pour peser davantage, le mouvement souhaite également décliner ses conférences de presse à l’échelle locale. Le Var pourrait donner le « la » à ces événements qui viseraient à démontrer, chiffres et sondages à l’appui, la violence de la crise.
* La Fédération française du bâtiment (FFB), l’Union sociale pour l’habitat (USH), la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), le Pôle Habitat FFB, le réseau Procivis, l’Union des syndicats de l’immobilier (Unis), l’Union nationale des notaires employeurs (UNNE), l’Union des architectes (Unsfa) et l’Union nationale des économistes de la construction (Untec) forment « l’Alliance pour le logement ».